En mer, le 18 novembre 
Le jour se lève. L'aube a submergé le phare d'atterrissage depuis longtemps. Les premiers rayons du soleil dessinent la côte africaine. Le vent est frais, la barre est franche, le vent est régulier, la mer belle, mon ami confiant dort, à l'horizon les contours d'un nouveau continent. A cet instant, chaque chose est à sa place.
Nous serons en Tunisie dans l'après-midi.

Bizerte, Tunisie, le 4 décembre
Les jours continuent de s'écouler dans notre port d'atterrissage.
Quinze jours.
Toutes les angoisses existentielles sont loin de nous. Il est même aujourd'hui un peu difficile de prendre du recul. Plus tard peut-être.

Nous vivons avec une bande de jeunes bizertins qui a comme point de repère un café très sympa, le café Ternane. Cinq ou six jeunes hommes qui ont entre vingt et trente ans forment le noyau du groupe, deux sont devenus des amis, et une foule de gens passe autour. C'est donc le lieu d'interminables discussions, en groupe ou à deux, qui inévitablement se terminent sur la police, la religion, le sexe, la liberté. Et souvent le raisonnement cède la place aux paradoxes nés de la tradition et de la modernité.
Mais qui sommes-nous pour nous permettre de jouer au miroir déformant ? 
Avec François, je partage le questionement essentiel de vivre les droits de l'homme comme valeur universelle ou/et comme impérialisme occidental.

Hasard et chance, nous avons rencontré un skipper qui doit convoyer un voilier à Madagascar. Il a besoin d'équipiers, et nous de suivre le vent.
Hasard et chance, d'ici une dizaine de jours nous partirons pour quarante cinq jour de mer. Méditerranée, Suez, Mer Rouge, Aden, Océan Indien.

 
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